Call for Paper
Les Subjectivités migrantes à l’époque contemporaine.
Les processus d’exclusion et les inégalités directement liés aux formes d’intégration globale ainsi que les crises politiques, sociales et économiques internationales ont eu un impact dramatique sur les formes de mobilité transnationale contemporaine, conduisant d’une part à une intensification hétérogène des migrations et, d’autre part, à un renforcement des frontières réelles et symboliques qui entravent les subjectivités migrantes.
En ce sens, ces dernières ne sont pas toujours reconnues et sont objectivées lors d’interventions institutionnelles, définies en référence à des normes génériques et complémentaires, attribuées à des catégories sociales prédéterminées, souvent marginalisées ou même partiellement incluses dans les différents contextes sociaux dans lesquels elles évoluent.
De récentes études ont montré que dans les espaces migratoires au sens large, d’importants processus de subjectivation/désubjectivation ont lieu, à travers une constante confrontation entre le moi et le nous institutionnel et social (M. Ambrosini, L’ invasione immaginaria. L’immigrazione oltre i luoghi comuni, Laterza, Roma, 2020; M. Ambrosini, Altri cittadini. Gli immigrati nei percorsi della cittadinanza, Vita e Pensiero, Milano, 2020). Analyser comment se déclinent de tels processus est important pour comprendre les différentes articulations nationales et transnationales des migrations, nécessaires quant à l’analyse critique de phénomènes plus larges qui y sont associés tels que la globalisation, le multiculturalisme, la vulnérabilité/précarité, l’intégration et l’inclusion.
Cet appel, partant des dimensions théoriques élaborées par Michel Wieviorka (La violence, Balland, Paris, 2004) – sujet, non-sujet, anti-sujet, hyper-sujet, sujet en survie – se concentre sur les processus de subjectisation/désubjectisation en lien avec l’expérience migratoire et a pour objectif d’analyser, à travers une approche interdisciplinaire, les parcours de construction/déconstruction des subjectivités qui traversent et sont traversés par les logiques hégémoniques – économiques, institutionnelles, culturelles, sociales – eu égard auxquelles la possibilité d’action du sujet est niée, limitée, mais aussi parfois réélaborée dans des ‘safe space’ ou des lieux de résistance, débouchant sur des expériences personnelles et collectives hétérogènes au dénouement incertain, définissant ainsi des subjectivités rebelles qui participent à la création éventuelle d’un espace public oppositionnel (A. Neumann, «Conceptualiser l’espace public oppositionnel», Variations, 19, 2016), contribuant lui-même à l’érosion des normes collectives, à la délégitimisation du capitalisme, à la détérioration de la représentativité démocratique de l’État.
Quatre axes de réflexions pourront donc être approfondis :
1) Subjectivation/désubjectivation institutionnelle des migrants dans la société numérique.
Donatella Loprieno (Università della Calabria)
Claudio Di Maio (Università della Calabria)
Ce panel accueillera des contributions visant à analyser et approfondir, dans une perspective juridique, les dynamiques du rapport entre les étrangers et les autorités étatiques quant aux processus de reconnaissance et de jouissance de la subjectivité personnelle, aussi bien en ce qui concerne les mécanismes d’intégration sociale que dans leur rapport avec l’inclusion dans le domaine économique et de l’emploi, s’agissant de la dimension purement institutionnelle et des processus dérivant de la représentation du sujet dans la société numérique.
2) Genres, sexualité, migrations.
Giovanna Vingelli (Università della Calabria)
Sabrina Garofalo (Centro di Women’s Studies Milly Villa-Unical)
Ce panel accueillera des contributions qui se concentreront sur l’expérience du déplacement, de la redéfinition des identités et des dimensions relationnelles, tenant compte précisément des expériences liées au déplacement et aux transformations dans les relations de genre engendrées par les migrations, nécessaires à la réélaboration/redéfinition de concepts et de catégories analytiques utilisées pour la lecture des phénomènes migratoires les plus récents. Précisons que cet appel s’adresse au monde universitaire et aux non-universitaires qui sont invités à présenter leurs communications (relatives à des recherches, à des projets de recherche ou des interventions) visant à une réflexion autour de la dimension des différences (de genre, d’orientation sexuelle, d’ethnie, de classe sociale, d’âge, de croyance religieuse, etc.) et sur les points de rencontre de ces catégories, sur leur interaction mutuelle ou avec d’autres dimensions identitaires et subjectives. Les contributions qui entendent déconstruire les hypothèses hétéronormatives des études sur les migrations et affronter les thèmes des genres et des sexualités dans les parcours migratoires et les contextes de départ et d’arrivée seront particulièrement appréciées. De même pour la réflexion post-coloniale, gender and post-colonial feminist theory, LGBTQ theory, Critical race theory.
3) Dynamiques migratoires, discriminations et subjectivation.
Anna Elia (Università della Calabria)
Piero D. Galloro (Université de Lorraine)
Ce panel accueillera des contributions visant à explorer les processus de construction des discriminations et les éventuelles actions de déconstruction de ces dernières tout en s’attachant aux processus de subjectivation/désubjectivation des personnes ayant un vécu migratoire. Les travaux mettant l’accent, d’un côté, sur la perception et l’expérience de la discrimination dans une perspective aussi bien théorique qu’empirique dans différents domaines sociaux et institutionnels, et de l’autre, sur les parcours d’auto-reconnaissance de personnes et de groupes discriminés au sein de pratiques, d’interventions et de récits, seront particulièrement appréciés. Un autre domaine suscitera l’intérêt de ce panel, celui des représentations sociales liées au phénomène des discriminations dans une perspective interdisciplinaire en mesure d’en observer la dimension multiple et intersectionnelle.
4) Subjectivité résistantes : art et espaces médiatiques dans les migrations
Valentina Fedele (Università degli Studi Link)
Fabrizio Di Buono (Università della Calabria/ FLACSO Argentina)
Ce panel accueillera des contributions qui mettront en évidence des formes d’art et d’activisme artistique diasporique, aussi bien d’un point de vue théorique (ex: l’art comme outil d’inclusion; l’art comme affirmation d’un moi-résistant; l’art comme récit anti-hégémonique), que du point de vue de l’expérience (ex: récits artistiques spécifiques de soi et de l’autre), afin de comprendre comment ces instruments permettent d’élaborer des subjectivités personnelles au sein des conflits qui émergent de la division sociale du travail et de la création de frontières multiples, soulignant la fonction de désidentification de l’art par rapport aux formes de socialisation des individus et de construction des sujets. La dimension médiatique liée aux migrations sera également prise en compte, avec un intérêt particulier pour les récits transnationaux autour de l’expérience migratoire, leur rôle eu égard à la reproduction/reconstruction d’un imaginaire migrant, et à l’éventuelle définition d’une mémoire migrante.
Les résumés détaillés (8 000 signes maximum, espaces, notes et bibliographie compris), accompagnés d’une présentation de l’auteur/e (250 signes environ espaces compris) devront nous être impérativement envoyés avant le 20/03/23 à l’adresse suivante : convegnocapireunical@gmail.com, en précisant dans l’objet le nom de l’atelier auquel correspond la proposition d’article. Les auteurs/es sélectionnés/ées devront rédiger un essai se basant sur leur intervention et qui fera l’objet d’une publication.